L'anniversaire de Divya approchait à grands pas.
Dans l'ombre de ses pensées, Ritshy préparait en silence quelque chose de spécial. Il n'était pas homme à grands gestes ni à déclarations flamboyantes. Mais pour elle, il voulait faire les choses autrement. Chaque détail comptait. Il voulait qu'elle se sente importante. Unique. Aimée, peut-être. Même si ce mot-là, il ne l'avait jamais prononcé.
Depuis plusieurs jours, il orchestrait en secret une surprise. Des achats discrets, des idées griffonnées sur un carnet, des essais culinaires qui finissaient souvent à la poubelle, mais toujours dans un éclat de rire solitaire. Il n'avait prévenu personne. Ce moment, il le voulait intime. Rien qu'entre elle et lui.
Et puis, le jour tant attendu arriva.
Divya, après une longue journée de travail, monta les escaliers de son appartement avec une seule idée en tête : poser ses affaires, prendre une douche chaude et s'enrouler dans un plaid moelleux. Elle n'attendait rien de cette journée, sinon le silence. Peut-être un message de quelques proches, une notification oubliée.
Elle inséra la clé dans la serrure et poussa doucement la porte. Mais au lieu du calme habituel, un détail la frappa : la lumière ne s'allumait pas. Elle appuya à nouveau sur l'interrupteur, une, deux fois. Rien. Elle soupira, déjà fatiguée. Un instant d'inquiétude traversa son esprit. Une panne ? Une coupure ?
Mais avant qu'elle n'ait le temps de s'alarmer, une douce lueur dorée se répandit lentement dans la pièce. Elle s'arrêta net.
Le salon, d'habitude sobre et presque impersonnel, s'était transformé. Des guirlandes lumineuses couraient le long des murs, leurs petites ampoules diffusant une lumière chaude et tamisée. Des ballons flottaient doucement, retenus par des rubans argentés qui brillaient doucement dans l'air calme. Un doux parfum flottait – un mélange de vanille, de cire tiède, et d'un soupçon de fleurs.
Au centre de la pièce, une table avait été dressée. Une nappe blanche, quelques pétales éparpillés, deux assiettes, deux verres, et au milieu, un petit gâteau décoré avec soin. Une bougie unique brûlait en silence, sa flamme dansant légèrement.
Divya resta figée. Son cœur fit un bond. Elle cligna des yeux, presque comme si elle doutait de la réalité.
Puis elle le vit.
Ritshy se tenait à quelques pas d'elle. Il portait une tenue simple, mais soignée – une chemise claire, légèrement retroussée aux manches, et un pantalon noir. Mais ce n'était pas son apparence qui la frappa. C'était son regard. Rempli d'une douceur presque désarmante. Un regard calme, présent, sincère. Un regard qui disait tout sans un mot.
Il souriait, un peu nerveusement, comme un enfant qui attend qu'on découvre sa surprise.
Leurs yeux se croisèrent, et un silence étrange mais doux s'installa. C'était comme si le monde s'était arrêté autour d'eux, ne laissant place qu'à l'instant.
Ritshy s'approcha lentement, tenant le petit gâteau entre ses mains. Il s'arrêta devant elle et murmura, la voix à peine audible :
— Fais un vœu.
Divya sentit sa gorge se nouer. Elle baissa les yeux vers la flamme. Pendant une seconde, tout sembla s'effacer. Le bruit du dehors, les pensées pressées, les souvenirs douloureux. Il ne restait que cette lumière. Ce moment.
Elle ferma les yeux.
Son cœur, d'habitude si prudent, se serra d'émotions qu'elle n'avait pas nommées depuis longtemps. Pas à voix haute. Peut-être même jamais.
Puis elle souffla la bougie.
Quand elle rouvrit les yeux, Ritshy était toujours là. Immobile. Présent. Comme un roc tranquille au milieu de ses vagues intérieures.
Il ne disait rien. Mais sa posture, son silence, sa manière de la regarder... tout exprimait une tendresse rare. Il sortit de sa poche une petite boîte carrée, soigneusement emballée dans un papier mat. Un ruban fin la tenait fermée.
Il la lui tendit sans un mot.
Divya prit le paquet, curieuse, touchée. En le dépliant, ses doigts tremblèrent légèrement. À l'intérieur, un bijou. Discret, élégant. Pas ostentatoire, mais choisi avec soin. Un pendentif finement ciselé, avec une pierre légère – sa couleur préférée. Elle le reconnut immédiatement. Elle en avait parlé, une fois. Une seule. Et il s'en souvenait.
Ses yeux se remplirent d'une émotion floue, douce et douloureuse à la fois.
— Pourquoi tu fais tout ça ? murmura-t-elle, la voix un peu cassée.
Ritshy planta ses yeux dans les siens.
— Parce que tu comptes pour moi, répondit-il simplement.
Il n'avança pas. Ne chercha pas à la toucher. Il attendit. Respectueux. Présent.
Elle détourna le regard. Quelque chose en elle bougeait. Elle sentait ses défenses se fissurer. Lentement. Inévitablement.
Il ajouta doucement :
— Je ne voulais pas que tu sois seule aujourd'hui. Pas cette fois.
Il indiqua la table d'un geste discret. Une invitation muette.
Pas de déclaration théâtrale. Pas de grandes promesses. Juste une attention sincère. Une présence réelle.
Divya resta là, debout, serrant la boîte dans ses mains. Le silence entre eux n'était pas vide. Il était chargé. De regards, de souvenirs, de craintes, et d'un espoir timide.
Puis elle fit un pas. Puis un autre.
Elle s'assit à la table. Il la rejoignit, s'asseyant en face d'elle. Le gâteau, simple mais joli, les attendait. Deux petites cuillères reposaient à côté.
Elle en prit une, enfonça doucement dans la crème, et goûta.
— C'est bon, dit-elle dans un souffle.
Il sourit, soulagé.
— Je l'ai fait moi-même.
Elle le fixa, interloquée.
— Sérieux ?
— J'ai suivi un tutoriel. Trois fois. Les deux premiers étaient... catastrophiques, avoua-t-il avec un rire discret.
Elle éclata d'un petit rire. Vrai, spontané. Le premier de la journée. Peut-être même de la semaine.
Le silence qui suivit ne fut plus pesant. Il était doux. Complice. Ritshy la regardait avec une admiration discrète. Divya, elle, osait le regarder un peu plus longtemps qu'avant.
Moins de barrières. Moins de peur.
— Merci, Ritshy. Pour tout ça... murmura-t-elle, presque surprise par sa propre voix.
Il baissa les yeux, humble.
— Tu le mérites.
Il n'y avait pas de musique, pas de champagne, pas de foule. Mais c'était sans doute le plus bel anniversaire qu'elle ait connu. Un moment suspendu. Un cœur qui s'ouvre. Une blessure qui commence à cicatriser.
Et dans cet instant fragile et précieux, quelque chose prenait racine, Doucement, Silencieusement, Solidement.